Et si le Brexit était une opportunité ?
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Si l’annonce des résultats du Brexit du 23 juin dernier a fortement secoué les différents taux de change et valeurs boursières, à Londres comme à Paris, le discours alarmiste est-il de rigueur ?
Où en est-on aujourd’hui ?
Le processus de sortie d’un État membre de l’Union Européenne est régi par l’article 50 du Traité de Lisbonne qui stipule que les modalités d’un retrait ne peuvent être effectives qu’après une période de deux années après activation de l’article.
Le temps des négociations
Une longue période de négociations semble donc nous attendre. Les spécialistes estiment cependant qu’il est peu probable qu’un accord sur les modalités de sortie soit trouvé en deux années seulement compte tenu de la complexité des relations entre les deux parties et les nombreux accords bilatéraux impliqués. D’ici-là, les relations entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne restent absolument inchangées, Business as usual ! Le Royaume-Uni conserve les mêmes droits et devoirs vis-à-vis de l’Union Européenne, jusqu’à la fin de l’année 2018, au minimum.
Quel impact ?
Bien qu’il soit difficile, pour l’Union Européenne comme la France, d’évaluer les conséquences réelles du résultat de ce référendum, il est évident que les marchés financiers ont été impactés par cette annonce, et que la livre sterling s’est fortement dépréciée. Il n’est pas de conséquence plus logique dans un climat incertain, malgré une banque d’Angleterre prête à injecter 250 milliards de livres, pour atténuer cette conséquence.
Le processus de sortie nécessite une vision et approche sur le long terme et ne sera pas effectif avant quelques longues années de négociations. Cela semble donc extrême de vouloir tirer : 1/ le signal d’alarme 2/ des conséquences de cette sortie tout de suite. L’impact réel du Brexit, comme nous l’avons dit, ne sera perceptible qu’une fois les négociations évoquées plus haut effectives.
Toutefois, un aspect ne fait aucun doute d’un côté de la Manche comme de l’autre, le Royaume-Uni et le marché européen sont interdépendants. Quelques chiffres sur le volume de ces échanges sont révélateurs.
44% des exportations britanniques se font vers les États membres et 55% de ses importations en proviennent!
12 milliards d’euros : c’est le premier excèdent commercial français et qui n’est autre que … Le Royaume-Uni.
A plus ou moins long terme donc, ce partenaire majeur devrait être mis sur orbite, et plusieurs scenarii sont ainsi à envisager. Jetons donc un œil aux pays qui gravitent actuellement autour de l’UE, sans trop de difficultés apparentes.
Norvège, Suisse, Canada & Turquie
Si le Royaume de Norvège n’a jamais souhaité être membre de l’Union Européenne afin de conserver une certaine souveraineté et également protéger ses abondantes ressources naturelles, il n’en est pas moins un partenaire fidèle.
Membre de l’EEE (Espace Économique Européen) depuis 1994, La Norvège a ainsi pu garantir la libre circulation des marchandises, services, capitaux et personnes pour développer des liens commerciaux avec les membres de l’UE, tout en préservant sa souveraineté en matière de pêche et de tarifs douaniers.
La Norvège est également signataire de l’accord de Schengen qui lui permet de supprimer les contrôles aux frontières avec les autres membres. En somme, bien que n’étant pas membre, la Norvège semble bien plus intégrée que sa simple condition de satellite de l’Union Européenne ne le laisse entendre.
Le cas de la Suisse est également intéressant. Le pays entretient des relations étroites avec l’UE aux niveaux économiques, politiques et culturels grâce à un ensemble d’accords bilatéraux (Europol, ALE, Euratom, AED, Galileo, etc.)
Le Canada, signataire de l’accord économique et commercial global a également un accès privilégié au marché européen concernant les produits et services, l’investissement, les marchés publics et la coopération en matière de règlementation.
Enfin, la Turquie fait également partie des pays entretenant des relations « privilégiées » avec les membres avec un libre accès au marché européen pour les biens seulement et non pas les services. Autant de modèles différents que de pays, donc.
Que faire ?
La période de « transition » dans laquelle nous sommes actuellement, bien que présentée comme chaotique, ne l’est donc pas tant que cela.
Nombreux sont ceux qui privilégieront une attitude attentiste, et bien inspirés seront donc ceux à être proactifs.
Le Royaume-Uni est et sera toujours un partenaire crucial pour l’Union Européenne et la France. Pour leurs propres intérêts, la France et l’Union Européenne ne peuvent souhaiter autre chose qu’un Royaume-Uni fort et réciproquement.
Savoir exploiter cette période, qui semble bien plus stable qu’on ne veut la décrire et dont le processus de sortie nécessitera de longues années de négociations, semble donc constituer une belle opportunité pour les entreprises qui en prendront conscience.