Entretien avec Emmanuel Bisi : « La relation France-Australie est plus dynamique que jamais »

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🎙️ Entretien mené par Elisa Vidal dans le cadre des 10 ans de Globallians.
Elisa Vidal a eu le plaisir de partager une conversation exclusive avec le CEO d'Expandys, Emmanuel Bisi, sur l'évolution des relations économiques entre la France et l'Australie. Fort de presque 20 ans d'expérience dans l'accompagnement des entreprises françaises à l'international, Emmanuel nous offre son analyse sur les opportunités actuelles et les perspectives futures de ce partenariat stratégique.
Emmanuel, comment décririez-vous l’état actuel des relations économiques entre la France et l’Australie ?
E.B. : Les relations économiques entre la France et l’Australie n’ont jamais été aussi solides, matures et prometteuses. Nous sommes, maintenant, dans une phase de consolidation stratégique. La France est le 13ᵉ investisseur étranger en Australie, avec plus de 30 milliards AUD d’actifs détenus, et presque 800 entreprises françaises sont implantées sur le sol australien, générant environ 80 000 emplois directs. Un sondage récent, rigoureux et particulièrement révélateur mené par la French-Australian Chamber of Commerce & Industry (FACCI) vient d’ailleurs confirmer ce dynamisme croissant et l’intérêt renouvelé des entreprises françaises pour le marché australien.
Ce qui est marquant, c’est la diversité des secteurs concernés. Voici quelques exemples:
- Infrastructures et transports urbains (Alstom, Vinci, Bouygues)
- Défense et sécurité (Naval Group, Thales)
- Énergies renouvelables (ENGIE, Neoen)
- Logistique, grande distribution et supply chain (Bolloré Logistics, Decathlon)
- Secteurs santé, cosmétique, agroalimentaire...
Et surtout, une montée en puissance des PME et ETI françaises, qui bénéficient d’une image positive : rigueur, innovation, durabilité. Le "French Touch" séduit les décideurs australiens. la French Tech est aussi très active en Australie.
Quels sont les secteurs clés à suivre de près ?
E.B. : Plusieurs domaines offrent des perspectives solides de développement pour les entreprises françaises dans les années à venir :
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L’agroalimentaire et les boissons : produits bio, sans alcool, premium, ou issus d’alternatives végétales sont en plein essor. L'Australie cherche à diversifier son offre et à répondre à une demande croissante en produits durables et sains.
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Les énergies renouvelables : la transition énergétique est une priorité nationale avec de nombreux appels d’offres publics en cours, notamment dans l’éolien offshore, le solaire et l’hydrogène vert. Des acteurs français sont déjà bien positionnés sur ces projets.
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Technologies et cybersécurité : les secteurs de la cybersécurité, de l’intelligence artificielle embarquée, et de la smart tech sont fortement soutenus par le gouvernement australien. Les solutions françaises, réputées pour leur fiabilité, ont une vraie carte à jouer.
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Infrastructures et aménagement urbain : avec les Jeux Olympiques de Brisbane 2032, un vaste programme d'investissements est lancé dans les transports, la construction, la mobilité durable, et les équipements sportifs. Cela ouvre de nombreuses opportunités pour les entreprises françaises expertes en ingénierie, construction, gestion de projets ou équipements publics.
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Tourisme, événementiel et industries créatives : dans la perspective des JO, la demande augmente pour les solutions innovantes en accueil, restauration, sécurité événementielle, technologies immersives, design et branding. Les savoir-faire français dans ces domaines sont particulièrement bien perçus
Quelles initiatives ont récemment structuré cette coopération ?
E.B. : La signature de la feuille de route stratégique en décembre 2023 a été un tournant. Elle renforce la coopération bilatérale sur cinq axes : défense, climat, éducation, innovation et culture. Des accords R&D conjoints ont aussi vu le jour, ainsi qu’un renforcement des échanges universitaires sur les filières scientifiques.
Par ailleurs, depuis sa nomination fin 2023, l’Ambassadeur de France en Australie, M. Pierre-André Imbert, a insufflé une nouvelle dynamique aux relations bilatérales. Sous son impulsion, plusieurs initiatives concrètes ont vu le jour :
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Ouverture du Consulat Général à Melbourne, en septembre 2024, afin de mieux accompagner la communauté française et les entreprises dans le Victoria.
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Création du centre FACET à l’université Swinburne, pour renforcer la coopération en matière de transition énergétique.
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Lancement de la fondation FACEF, dédiée aux échanges culturels entre la France, l’Australie et le Pacifique.
Ces projets traduisent une volonté forte : rendre le partenariat franco-australien plus stratégique, plus concret, et tourné vers l’avenir.
Emmanuel, peut-on aussi dire que le contexte économique australien reste favorable pour les affaires ?
E.B. : Absolument. L’Australie affiche l’un des parcours économiques les plus stables au monde. Le pays a connu plus de 35 années consécutives de croissance, hors période Covid, ce qui témoigne d’une résilience macroéconomique exceptionnelle. En 2024, le PIB australien s’élève à près de 1 700 milliards d’euros, avec une économie diversifiée, portée par les services, les ressources naturelles, les infrastructures et l’innovation.
L’environnement y est à la fois transparent, prévisible et pro-business : réglementation claire, fiscalité attractive, stabilité politique, système bancaire solide. Ajoutons à cela une forte urbanisation, une main-d'œuvre qualifiée, et un pouvoir d’achat parmi les plus élevés de la région Asie-Pacifique.
Les échanges bilatéraux entre la France et l’Australie sont également en plein essor :
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Le commerce de biens et services dépasse les 8 milliards d’euros par an
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La France est le 13ᵉ investisseur étranger en Australie, avec 18,5 milliards d’euros d’actifs détenus
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Les exportations françaises vers l’Australie avoisinent 1,35 milliard d’euros, couvrant l’industrie, la santé, les cosmétiques ou les biens de consommation
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L’Australie exporte vers la France pour environ 1,5 milliard d’euros, essentiellement en produits agricoles, énergie et ressources minières
Cette dynamique est claire : l’Australie est une terre d’opportunités pour les entreprises francophones désireuses de se développer dans un marché stable, transparent et ouvert à l’innovation.
Comment Expandys s’inscrit-elle dans ce mouvement ?
E.B. : Nous sommes très régulièrement sollicités par des PME et ETI françaises qui s’intéressent de plus en plus au marché australien et, plus largement, à la zone Asie-Pacifique. L’Australie est perçue comme une porte d’entrée stable, transparente et accessible vers l’ensemble de la région. Face à cet engouement, nous nous positionnons comme un partenaire opérationnel de proximité, capable de structurer des projets concrets et adaptés aux ambitions des entreprises.
Sur les 18 derniers mois, Expandys a accompagné :
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9 créations de filiales locales de PME/ETI françaises
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6 missions de recherche de distributeurs ou partenaires
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Plusieurs études sectorielles (agro, design, medtech, vins sans alcool)
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Une mission collective "no/low alcohol" en cours
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Des recrutements et du portage salarial local pour tester le marché
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L’hébergement et l’accompagnement de VIE
Notre force, c’est notre ancrage local en Australie, notre agilité, et notre expérience de terrain. Je suis aujourd’hui directeur résident pour une quinzaine de filiales françaises implantées ici.
Peux-tu partager des retours d’expérience terrain ?
E.B. : Oui. Par exemple, une PME agro pensait cibler le retail. Nous avons repositionné la stratégie vers le food service et l’e-commerce : les ventes ont doublé en 6 mois.
Autre cas : une PME industrielle voulait créer une filiale immédiatement. Nous avons proposé un portage salarial temporaire pour tester le marché. Résultat : une implantation réussie, plus ciblée et pérenne.
Quels conseils donnerais-tu aux entreprises françaises ?
- Ne pas sous-estimer la taille du marché : petit en population, mais fort en pouvoir d’achat.
- S’ancrer localement : présence terrain = crédibilité + adaptation rapide.
- Tester avant d’investir lourdement : via portage, mission ponctuelle, VIE.
- Soigner la relation humaine : la confiance prime sur la fiche produit.
- Adapter l’approche commerciale : délais, communication, conditions commerciales… tout change.
Comment peut-on vous contacter ?
E.B. : Le plus simple est de laisser un message sur notre page de contact. Mon équipe me le transmettra rapidement. Que vous envisagiez une première prospection ou une implantation complète, nous pouvons vous aider à structurer une démarche réaliste, efficace et alignée avec vos moyens et vos objectifs.
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